Trois ruptures

de Rémi de Vos - avec Catherine Salée et Benoît Van Dorslaer

Elle a préparé un repas d'adieu. Il lui reste en travers de la gorge.
Il a rencontré quelqu'un. Elle ne le supporte pas.
Ils ont un enfant : il fait exploser leur couple.
Trois ruptures. Trois effondrements.
Tout un programme.

Trois ruptures, une pièce jouissive, féroce... Un duo formidable que celui de Catherine Salée et Benoît Van Dorslaer, deux bêtes de scène !  Michèle Friche, Le Soir 

Le jeu des interprètes est saisissant. Toujours justes, dans des situations qui vont de la banalité au paroxysme, Catherine Salée et Benoît Van Dorslaer soulèvent notre admiration Claire-Anne Magnès, La revue générale

Il est d’abord question de bouffe. Qui nourrit l’autre? Qui bouffe qui? On avale des couleuvres, on a mal au ventre jusqu’au vomissement, mais on se délecte aussi et on se donne du plaisir, un plaisir de bouche, charnel, fort, parfois violent. Le sexe est omniprésent.

C’est notre popote quotidienne, c’est notre survie qui est en cause, aussi bien affective que physique. La menace ne vient pas de l’extérieur, pas de l’amant plagiste ("un baiseur de première..."), ni de Nicole ("pas une citadelle..."), ni même du pompier dont l’homme s’est épris, mais bien de l’autre, là, assis juste en face, le conjoint.

Alors on le ligote, on l’asperge d’essence, on le gave de boîtes pour chien. On le veut inoffensif, impuissant, inexistant, mais on ne veut pas le perdre, cet Autre à qui l’on tient tant, qu’on attache autant pour l’empêcher d’agir que pour l’empêcher de partir, cet Autre qui trompe notre solitude et nous procure tant de plaisir... 

C’est un des paradoxes du couple, que l’écriture de Rémi De Vos incarne dans son rythme même: une mécanique implacable de phrases courtes qui révèle la fragilité et la complexité des protagonistes, une sécheresse dans le ton qui parle de leurs côtés les plus doux et tendres, la banalité des situations qui révèle l’extraordinaire singularité du couple lui-même.

Tout ceci prend une dimension tragique lorsque surgit l’enfant. Dans la troisième partie du texte, le couple semble s’être trouvé une complicité nouvelle face à ce nouvel arrivant, accaparant, indomptable, monstrueux même. On entrevoit alors comment tout cela se tient depuis tant de décennies, comment la machine s’alimente elle-même, comment le cercle est devenu vicieux, comment les rapports engendrent une violence qui à son tour est le ferment de rapports mortifères, tout cela au sein même de la sacro-sainte famille... Le constat est sans appel… et pourtant on a ri de bout en bout!

Pour Rémi De Vos, cet humour est une nécessité: « l’humour, – les rires qu’il peut provoquer  ne cherche pas à amoindrir ou dédouaner la violence qui s’exerce. Il rend simplement possible sa représentation. ».

 

Dans la gallerie de videos/photos ci-dessous:

- Teaser du spectacle (46")

- Extraits de la captation du spectacle (6'04")

- Captation intégrale du spectacle (51'58")

- une série de photos de Catherine Claes